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La représentation du monde rural traverse l’histoire de l’art, de Jean-François Millet, à Rosa Bonheur en passant par Vincent Van Gogh, Kazimir Malevitch ou encore Marc Chagall, les exemples sont nombreux. Que ce soit avec un souci de réalisme, voire de naturalisme, ou bien avec une volonté d’inscription du sujet dans un discours idéologique, la représentation du monde paysan fait, le plus souvent, l’objet d’une manipulation.
Les images d’Épinal subsistent et se répercutent dans l’imaginaire collectif. Si pour les uns le monde paysan est vecteur soit de luttes, soit de soumissions, il reste pour les autres un espace d’utopies et de fantasmes. Il souffre d’un spectaculaire désintérêt non seulement des politiques, mais aussi de la société dans son ensemble.
Les artistes boudent également les problématiques agricoles. L’exposition entend alors poser des questions : qu’en est-il de la réalité agricole actuelle ? Comment les artistes s’emparent-ils aujourd’hui du sujet ? Comment représentent-ils un monde qui semble mis à l’écart de la société ?
Malgré l’importance fondamentale du monde paysan qui se trouve aux fondations de l’alimentation mondiale, il est possible d’observer à la fois ce désintérêt collectif, mais aussi une méconnaissance flagrante d’un secteur relégué à la marge de la société. D’où la réunion des oeuvres de dix artistes qui, chacun à leur manière, traitent du monde paysan. Certains, tels des sociologues, vont à la rencontre des différents corps de métiers pour rendre compte de contextes et de situations spécifiques, ou encore de leur quotidien.
Charles Fréger photographie les élèves d’un lycée agricole normand. Les peintures aux accents documentaires de Julien Beneyton figurent des éleveurs dans le Limousin. Marie Voignier filme de manière tragicomique l’invasion des étourneaux dans les champs de culture. Terence Pique collabore avec des ouvriers agricoles espagnols pour mettre en avant un lexique intimement lié à leur travail : COMIDA – TECHNOLOGIA – ESFUERZO. Aurélie Ferruel et Florentine Guédon fouillent et hybrident les traditions rurales. Tandis que Kapwani Kiwanga revient sur l’histoire de l’agriculture préindustrielle en Tanzanie, Roman Moriceau façonne un poulet sans plumes. L’animal, génétiquement modifi é, est rendu optimal et parfaitement adapté aux méthodes de transformation de la viande. Nicolas Boulard met en place un système de culture mobile en créant le Clos Mobile, une parcelle dans laquelle il cultive des vignes de grands crus. Selon une méthode rigoureuse, Éric Tabuchi photographie des hangars agricoles partiellement recouverts de graffitis. Ces portraits de hangars traduisent une situation d’abandon et de lente disparition. En 2011, Édouard Glissant déclamait « Agis dans ton lieu, pense avec le monde ! ». Le titre et l’esprit de l’exposition empruntent à la pensée de Glissant qui nous invite à agir, à penser et à s’indigner.
Informations pratiques :
Commissaire d’exposition : Julie Crenn
Les Iconoclasses 8, Galerie Duchamp
7, rue Percée, 76190 Yvetot – France
Tél. : 02 35 96 36 90
Fax : 02 32 70 44 71
Du lundi au vendredi de 9h à 12h et de 13h30 à 17h15, le samedi de 14h à 17h30 et sur RDV
Plus d’informations sur www.galerie-duchamp.com
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