L’art écologique aux prises avec ses stéréotypes
Un article de Bénédicte Ramade
Soutenez un projet artistique écologique et citoyen, un moyen de lutte naturelle en agriculture, qui utilise et préserve les espèces remarquables de notre région.
Depuis 30 ans on observe un phénomène de pullulation des populations de campagnols. C’est une espèce qui normalement s’autorégule mais l’augmentation de l’exploitation des parcelles d’herbage et l’abattage des arbres et des bosquets nécessaires aux prédateurs ont favorisé la croissance des populations.
Ce phénomène s’est principalement localisé en Franche-Comté (et en Suisse voisine) et en Auvergne où il est sujet d’études, de recherches et d’observations.
Cette problématique est devenue un enjeu national :
Séance du 20 mai 2008 (compte rendu intégral des débats)
Rapport du Conseil général de l’alimentation de l’agriculture, et des espaces ruraux
3 millions d’euros ont été mobilisés par l’État et les collectivités territoriales pour soutenir un programme pilote mené en Franche-Comté entre 2004 et 2006.
Ce nuisible, en se nourrissant de la racine des plantes, provoque des dégâts sur la qualité des fourrages et par conséquent sur la qualité du lait.
De plus, cela implique des coûts supplémentaires de remise en régénération des pâtures infestées. Le pic de pullulation enregistré dans le Doubs l’année 2012 a touché 60.000 ha et entraîné 25 M € de perte de revenus agricoles, soit un bon tiers des surfaces exploitées et jusqu’à 40 % du revenu des agriculteurs. (source: Est Républicain du 24 novembre 2012)
Après avoir massivement utilisé la lutte chimique (bromadiolone et gaz) dont on a pu constater visiblement les conséquences sur la faune sauvage et domestique ainsi que sur l’environnement (écosystème aquatique), la FREDON, (Fédération régionale de défense contre les organismes nuisibles) préconise des actions de prévention favorisant la prédation.
En effet, le renard, la buse, le héron et le milan royal, espèce protégée et à forte valeur patrimoniale et autres rapaces nocturnes, sont les plus gros consommateurs de campagnols.
La FREDON suggère donc des installations de perchoirs dans les champs cultivés.
Les rapaces pratiquent une chasse à l’affût qui leur demande beaucoup d’énergie, surtout en hiver, et ont besoin de lieux où se reposer.
Ces perchoirs se doivent de répondre à des contraintes liées au type de rapace auxquels ils s’adressent. De façon générale, ils doivent avoir une hauteur suffisante afin que le rapace en chasse puisse guetter la faune traquée : plus ils sont haut perchés, plus leur rayon d’observation est grand.
Par ailleurs, les reposoirs doivent être antidérapants (bois brut par exemple) et de diamètre adéquat afin que les rapaces puissent s’y tenir de leurs serres.
Le projet
En tant que plasticienne sensible à l’environnement, Corinne Forsans a imaginé un projet artistique à vocation écologique.
Il s’agit d’une installation d’échelles surdimensionnées dont le but est de servir de perchoirs aux prédateurs naturels (buses, milan royal, chouettes) du campagnol terrestre, véritable fléau dans l’agriculture laitière de Franche-Comté, qui provoquent des dégâts couteux, des risques sanitaires et des dommages sur la faune sauvage par la pratique d’une lutte chimique.
C’est une rencontre entre un désir d’expression artistique engagée dans une action écologique et des agriculteurs responsables et sensibles à leur environnement de travail et de vie.
Dans le cadre d’un mécénat de compétence, dix échelles ont étés réalisées par un centre de formation professionnelle pour adultes (l’AFPA) au cours d’un stage « tenon mortaise », et une entreprise de BTP les installera prochainement dans les champs.
Pourquoi l’échelle de bois ?
Les échelles de bois ont été choisies pour sa simplicité et le pouvoir onirique de sa représentation.
De par leur proportion elles sont un véritable trompe l’œil dans la perspective du paysage. Suffisamment intégrées au milieu naturel pour ne pas effrayer les rapaces sans être anecdotiques pour se faire remarquer par les promeneurs. Une proposition incongrue d’échelles qui ne mènent nulle part mais qui interpellent sur une problématique liée à la ruralité.
Ce projet est accompagné par un expert scientifique (la FREDON : Fédération régionale de défense contre les organismes nuisibles) qui m’a présenté 3 agriculteurs motivés et convaincus par la démarche.Ils ont mis leurs parcelles à disposition le long d’un axe routier fortement fréquenté entre Besançon et Pontarlier sur la commune d’Aubonne (Doubs 25).
Il s’agit donc tout autant d’une oeuvre artistique engagée qu’un objet de sensibilisation.
Cette installation est un véritable laboratoire de collaboration entre l’art, l’agriculture, l’environnement, des entreprises, des associations et l’institution, qui ont contribuées à chaque stade de l’élaboration et de sa mise en place.
L’association ECO LOGIK ART est née pour m’accompagner dans la mise en place administrative et technique de l’installation, dans les actions de communication et de médiation ainsi que dans les prochains projets à venir.
À quoi va servir le financement ?
Ce projet s’est réalisé au fil des rencontres et grâce aux collaborations qui ont permis de diminuer le coût de sa fabrication, mais le coût des matières premières s’élèvent à 5860 euros de bois, d’acier, de boulons et de transports.
3000 euros est un minimum à atteindre pour financer l’investissement dans cette aventure
En participant au financement de ces échelles :
Vous contribuez à une action artistique originale, une démarche artiviste, dont l’objet de cette création est à l’usage d’un acte en pratique : Rendre spectaculaire une installation de perchoirs, en alliant une nécessité écologique et une démarche artistique intégrée au paysage .
Vous participez à une action de conscientisation sur l’importance du maintien de la biodiversité et de la sauvegarde d’espèces menacées.
Vous soutenez l’action anonyme d’agriculteurs engagés dans une démarche respectueuse de l’environnement local. Car chaque initiative participe à l’avenir collectif du territoire.
A ce jour, une vingtaine de personnes ont participé de près ou de loin à faire naitre ce projet par le biais du mécénat de compétence.
Alors vous aussi participez à cette initiative collaborative.
A propos du porteur de projet
Le projet est porté par Corinne Forsans et l’association Eco Logik Art :
Diplômée de l’école des Beaux Arts de Besançon, Corinne Forsans a travaillé durant plusieurs années à la conception et la réalisation de décor de spectacles (opéras, théâtre, marionnettes, cirque) dans des grandes maisons autant que pour des petites compagnies.
Après avoir exploré l’espace du plateau, et matérialisé des univers oniriques, elle a envie aujourd’hui de sortir et de participer de façon active aux problématiques environnementales qui la touche, avec ses outils de création personnelle et professionnelle.
L’association Eco Logik Art accompagne le projet, afin de développer un travail de sensibilisation auprès des divers publics scolaires et adultes, sur la forme artistique du Land Art et sur les thématiques de sensibilisation à l’environnement.
Elle souhaite également étendre l’expérience sur le territoire avec des artistes inscrit dans une démarche similaire, dans le but de créer un parcours touristico-artistique.
Un blog dédié au projet a été crée, sur lequel seront postées des photos prisent par une caméra piège fixée sur une échelle.
Un film documentaire et un reportage photographique sont prévus pour diffuser le travail dans des lieux d’exposition et dans les média.
SOUTENEZ LE PROJET ICI.
Plus d’informations sur :
Un article de Bénédicte Ramade
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