L’artiste et le vivant
Pour un art écologique, inclusif et engagé - Par Valérie Belmokhtar
Introduction
Dans un récent regard (n°51), R. Barbault et A. Teyssèdre s’interrogeaient sur l’aveuglement et la surdité des sociétés modernes face à l’érosion de la biodiversité et ses conséquences. Force est de constater que malgré de nombreux constats et alarmes, les actions de conservation de la biodiversité butent sur de nombreuses controverses. Faut-il conserver la biodiversité ? Pourquoi ? Pour qui ? Peut-on et doit-on conserver la biodiversité tout en nourrissant une population croissante d’individus qui ont une demande de bien être elle-même croissante ? Faut-il conserver la biodiversité pour elle-même ou pour les services qu’elle nous rend ? Faut-il conserver les individus, espèces, populations, communautés ou écosystèmes, la biodiversité remarquable ou ordinaire, commune ou rare ?
L’essence de ces controverses concerne les interactions entre l’Homme et la biodiversité, ou, dit autrement, entre humains et non-humains. Ces interactions sont le plus souvent perçues comme issues de trajectoires humaines, culturelles, sociales et économiques. Au cœur de ces réflexions, la question des valeurs attribuées à la biodiversité apparait de plus en plus prégnante que cela soit au niveau international (IPBES, CDB, TEEB, etc) ou national (FRB, HCB, espaces protégés, etc ; voir Maitre d’Hôtel & Pelegrin 2012, Guiral, 2013, Milanovic 2014). Parmi ces valeurs, la valeur intrinsèque est la valeur de ce qui est une fin en soi. L’éthique environnementale (Callicot & Frodeman 2010) définit la valeur intrinsèque de la biodiversité non-humaine comme une valeur non anthropocentrée. La valeur intrinsèque apparait cependant très souvent difficile à définir ou, pour certains, inopérante pour la conservation de la biodiversité comparativement aux différences formes de valeur instrumentale qui considèrent la biodiversité comme un ensemble de ressources pour l’Homme. Au sens très large du terme, cette approche « ressources », anthropocentrée, a trouvé un cadre conceptuel avec l’émergence de la notion de service écosystémique (regard n°4). L’anthropocentrisme semble être un horizon indépassable, au moins d’un point de vue pragmatique, pour répondre aux enjeux actuels d’érosion de la biodiversité.
Toutefois, au-delà des enjeux culturels et économiques des représentations de la biodiversité, les interactions entre humains et non-humains ont aussi des racines ancrées dans l’histoire évolutive de la biodiversité. Or, paradoxalement, l’étude des interactions entre humains et non-humains s’appuie généralement sur la vision d’une humanité qui aurait une origine complètement extérieure à cette histoire. Il nous apparait donc nécessaire de dépasser cet obstacle épistémologique pour prendre du recul et porter un nouveau regard sur ces interactions entre humains et non-humains. Eloignons nous de nos points de vue habituels, quittons le court terme pour le temps long passé et à venir. Et explorons ensemble ce qui peut-être est le cœur de ce qui nous constitue : notre relation au reste du vivant.
Article édité par Sébastien Barot et Anne Teyssèdre
Pour un art écologique, inclusif et engagé - Par Valérie Belmokhtar
Une feuille de route de route ambitieuse, urgente et nécessaire.
Le Musée d'art contemporain, Lyon, animé ces trois classes pour définir ce que devient la création à l'ère de l'anthropocène.