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Alaska : L’usure du monde – Charlotte Fauve et Claire Houmard

Alaska : L’usure du monde – Charlotte Fauve et Claire Houmard

Dans Alaska : L’usure du monde, Charlotte Fauve et Claire Houmard proposent un livre profondément ancré dans l’urgence contemporaine : celle d’un monde qui s’effrite sous l’effet conjoint de la colonisation passée et du dérèglement climatique présent. À la croisée du journal de terrain, du récit anthropologique et de l’essai écologique, l’ouvrage retrace une expérience de fouilles archéologiques menées à Quinhagak, un village Yup’ik de la côte ouest de l’Alaska, menacé par l’érosion côtière et la montée des eaux.

Le livre naît d’une mission de fouilles dites « de sauvetage », menées sur un site plurimillénaire progressivement englouti par la mer et la tourbe. Charlotte Fauve y tient le rôle de « Raconteuse », attentive aux gestes, aux voix et aux récits qui entourent l’excavation. Dans un territoire où la transmission orale est centrale, elle choisit d’abord l’écoute, avant l’écriture. Son texte épouse le rythme du chantier, l’humidité du sol, la lenteur minutieuse des gestes, mais aussi la précarité de ce qui est mis au jour : objets, fragments de vie, histoires menacées de disparition.

À cette écriture sensible répond la voix de Claire Houmard, qui apporte un éclairage scientifique précis. Chaque découverte archéologique est replacée dans l’histoire longue du peuple Yup’ik, rappelant la continuité culturelle d’une communauté trop souvent reléguée à la marge des récits officiels. Cette double écriture — l’une incarnée, l’autre analytique — évite toute hiérarchisation entre savoirs : elle compose au contraire un espace de dialogue entre expérience vécue et connaissance scientifique.

L’un des apports majeurs du livre réside dans sa manière de penser l’archéologie comme une pratique politique. Ici, fouiller n’est pas seulement exhumer le passé : c’est lutter contre l’effacement. Effacement matériel des sites, rongés par la mer ; effacement symbolique des cultures autochtones, fragilisées par des siècles de colonisation ; effacement enfin des relations entre humains et milieux, brisées par l’exploitation intensive des territoires. Le terme Yup’ik Usteq, que les autrices traduisent par « l’usure du monde », condense cette triple crise écologique, sociale et culturelle.

Loin d’un récit héroïque ou exotisant, Alaska : L’usure du monde se distingue par son attention constante aux relations : relations entre chercheurs et habitants, entre humains et non-humains, entre passé et présent. La fouille devient un espace collectif, impliquant la communauté locale, et non un simple acte d’extraction scientifique. Cette dimension collaborative questionne en creux les cadres habituels de la recherche, de l’autorité du savoir et de la conservation patrimoniale.

Par son écriture précise, souvent poétique sans jamais perdre sa rigueur, le livre s’inscrit pleinement dans les réflexions contemporaines sur l’écologie, les savoirs situés et les pratiques de care appliquées aux territoires. Il rejoint ainsi les préoccupations actuelles des sciences humaines et des pratiques artistiques engagées, en proposant une autre manière de « faire récit » face à la catastrophe annoncée : non pas en surplomb, mais au ras du sol, dans l’écoute et la transmission.

Alaska : L’usure du monde est un ouvrage essentiel pour penser ce qui disparaît, mais aussi ce qui résiste. Un livre qui ne prétend pas sauver le monde, mais qui s’emploie, avec une justesse rare, à en préserver les traces — tant qu’il en est encore temps.


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