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Le point de départ du projet « Ressemblance » se situe à l’été 2013, lorsqu’une grosse branche d’un vieux platane du parc de la Maison d’Art Bernard Anthonioz (MABA) se brise et tombe au sol. Elle gît, avec toutes ses feuilles, juste sous la fourche éclatée dont elle s’est détachée. Toutefois, contrairement à celles de l’arbre, ses feuilles sont brunies, sèches, et bruissent quand le vent les caresse.
Lorsque Natascha Sadr Haghighian, invitée à concevoir une proposition spécifique au contexte de la MABA, découvre cette branche en se promenant dans le parc de la maison, elle décide d’en faire l’élément central de son exposition. « Ressemblance » réunit ainsi un ensemble d’œuvres qui donne à voir différents états possibles de la branche : fragment d’arbre, bois de chauffage ou papier.
La vidéo Similar montre le parc par un matin de fin d’été. Une brise légère traverse les arbres et fait bouger les feuilles. L’énorme platane se dresse au centre d’une pelouse, et la branche morte, avec ses feuilles sèches et roussies, est couchée à l’endroit même où elle est tombée. Cette branche semble presque animée. Lorsque des tas de bois situés non loin de là commencent à remuer et à s’agiter, elle est soudain prise de frissons et de tremblements, comme pour les imiter ou leur répondre.
Après avoir été débitée pour l’hiver, la branche est déplacée au sein de l’espace d’exposition pour devenir l’objet d’une installation. Ses bûches sont disposées au sol dans une vaine tentative de la reconstituer entièrement. D’autres objets en bois provenant du parc sont également réunis dans cette installation : des tas de petit bois sec, des répliques de statues africaines, un livre, des photographies issues des albums des sœurs Smith, anciennes propriétaires de la Maison.Les deux états de la branche, qui semble tour à tour vivante et morte, suscitent un sentiment d’empathie et des élans mimétiques chez le spectateur, invoquant la notion de « ressemblance » qui, au sens benjaminien, demeure indissociable du processus de connaissance et de formation du langage.
Selon Walter Benjamin1, en effet, pour produire des ressemblances nous faisons constamment appel à notre faculté mimétique, qui obéit elle-même à un processus dynamique. Mais nous puisons aussi dans des ressemblances qu’au fil de l’histoire nous sommes de moins en moins capables de percevoir, comme le zodiaque et sa signification dans les horoscopes ou la relation des lettres, des mots et leurs éponymes.
Dans « Ressemblance », la production de similitudes prend la forme d’une réflexion sur la matière vivante et non vivante, sur les transformations visibles et invisibles, sur les formes et les états reconnaissables et non reconnaissables. Nos pulsions mimétiques sont sollicitées par les différentes transformations de la branche, dans lesquelles nous tentons de déceler et de distinguer l’animé de l’inanimé, le familier du non familier, l’élément naturel de la sculpture.
En explorant l’empathie comme la capacité à s’émouvoir et à se transformer, l’exposition de Natascha Sadr Haghighian renvoie à une tradition poétique où l’empathie naît avec la magie – la magie de l’émerveillement. Ainsi, dans la poésie amoureuse perse, le héros tombe souvent sur un objet stupéfiant et merveilleux (un tableau souvent) et, ébloui, il éprouve le besoin irrésistible de le faire sien à tout prix, et part à sa conquête. Prêt à toutes les épreuves, à tous les sacrifices, il démontre au passage comment être un bon amant et, partant, un bon être humain. Dans ces poèmes, l’amour est ainsi un biais menant vers l’éthique.
Plus d’informations
Informations pratiques
Jeu de Paume hors les murs / Maison d’Art Bernard Anthonioz
Programmation Satellite 7
16, rue Charles VII
94130 Nogent-sur-Marne
01 48 71 90 07
maba.fnagp.fr
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