Art, agriculture et biodiversité
Lors de 2 journées thématiques se rassemblent artistes, étudiant·es, enseignant·es, professionnel·les concerné·es par les liens possibles entre art et agriculture…
La galerie Analix Forever, en collaboration avec l’historien et historien de l’art Paul Ardenne, a créé Videoforever en 2011. Depuis, onze séances de projections vidéo à thèmes, présentées et com-mentées par Paul Ardenne et Barbara Polla, ont été proposés en divers lieux pour faire découvrir, aimer, mieux connaître l’art vidéo, art qui résonne étroitement avec notre temps mais qui reste pourtant souvent difficile d’accès. Un art en plein essor, modelé par les plus jeunes vidéastes et les écoles les plus prestigieuses (dont le Fresnoy – studio national des Arts contemporains) et dont les liens avec le documentaire, le cinéma ou encore l’animation, justifient de constantes redéfinitions. Une dizaine de vidéos ou d’extraits de vidéos ou de films sont sélectionnés pour chaque séance. Les artistes sont souvent présents, prêts à interagir avec le public et le débat est bienvenu.
La convocation artistique de l’animal, de plus en plus intense dans le champ de l’art postmoderne, a une raison d’être « identifiante » : l’animal, à sa façon particulière, porte un peu de mon mystère d’humain, « son-corps », en une proportion délicate à établir, est « mon-corps ». L’humain, lui aussi, est un « animal ». Il dérive biologiquement du même rameau que le chien ou, en amont, que la méduse, très vieille ancêtre, au gré des accidents naturels, du « hasard » et de la « nécessité » de l’évolution, disent les biologistes François Jacob et Jacques Monod. « L’animal que donc je suis », admet le philosophe Jacques Derrida. Comment oublier que les premières sépultures humaines cumulent ossements humains et animaux ? Que la domestication graduelle des animaux a permis et accéléré, par l’apport d’énergie qu’elle autorise, l’évolution matérielle des hommes ? Qu’il est nous est arrivé à nous, humains, de nous comporter comme des « animaux », en reproduisant sans égard pour notre prochain le principe du Struggle for Life darwiniste : c’est là la thèse d’un Giorgio Agamben lorsque, évoquant les régimes totalitaires du XXe siècle, et le principe du droit du plus fort qui y prévaut, le philosophe italien décèle en ceux-ci une phase sans précédent d’« animalisation de l’humanisation » [1] ? Qu’une large part de notre potentiel affectif, loin de se diriger vers les humains, se destine aux animaux de compagnie, des zoos ou des réserves naturelles ? L’artiste qui réquisitionne à son profit la figure de l’« animal », et l’artiste vidéaste tout pareil, a tout ceci en tête. Convoquant ce dernier, c’est aussi la part animalis de lui-même qu’il fait remonter jusqu’à l’oeuvre – en espérant que plus de sens soit donné, par le truchement de l’animal, à ce qu’il est. Aucun doute, l’« animal-pour-l’art » est bien un prétexte, élément parmi d’autres d’une stratégie cognitive : « mon-corps » ne supporte pas de ne pas se connaître, de devoir supporter trop de doute. Animal, aide-moi à moins me méconnaître.
Paul Ardenne
[1] Giorgio Agamben, L’Ouvert de l’homme et de l’animal, Paris, Bibliothèque Rivages, 2002, notamment le ch. 16 (« L’humanisation intégrale de l’animal coïncide avec une animalisation intégrale de l’homme »).
Videoforever Animal, Animaux
Mercredi 27 Novembre, 19h
Cycle Videoforever
Inscriptions : conf-expo(at)chassenature.org
Plus d’informations sur : www.fondationfrancoissommer.org et www.videoforever.com
Musée de la Chasse et de la Nature
62 Rue des Archives – 75003 Paris
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