En 1674, le glacier suisse d’Aletsch atteignait sa taille maximale, menaçant dangereusement le village de Fiesch, en contrebas. Les villageois ont alors organisé, tous les 31 juillet, une procession religieuse visant à contenir l’expansion du glacier…
En 2009, devant l’accélération de la fonte des glaces causée par le réchauffement climatique, le conseil paroissial de Fiesch demanda officiellement au Vatican de pouvoir changer le sens traditionnel de la prière.
Depuis, avec l’aide des jésuites locaux et sous la bénédiction du pape, la prière du 31 juillet a un nouvel objectif, à l’opposé de l’ancien : interrompre le recul du glacier. Avec 31 juillet à Fiesch, Anna Katharina Scheidegger veut retracer, à travers un dispositif multimédia, l’histoire pittoresque de ce village. Elle souhaite mener une enquête approfondie sur les anecdotes et les fables suisses liées aux glaciers, récolter les récits des habitants, projeter les textes et images recueillis sur les terres et les pierres révélées par la disparition des glaces. Ce travail prolonge une précédente série de photographies, nommée Wrapped Coldness, qui montre des glaciers couverts de bâches en plastique blanc, dans l’espoir de ralentir leur fonte, illustration d’une lutte désespérée contre le réchauffement climatique avec des armes dérisoires et hors d’échelle.
La confrontation poétique et incongrue de ces images, oscillant entre nouvelles technologies, traditions et rituels, interroge la validité de nos choix, le caractère illusoire de nos projets d’adaptation au regard de l’ampleur de la situation : certains glaciers suisses reculent aujourd’hui d’environ 10 mètres par an.